18 septembre 2008

souvenir d'un souvenir

J'ai le temps prit au travers de la gorge
Comme un bonbon de l'année passée.
Voudriez vous, monsieur, cracher par terre avec moi?
*
Je pourrais tuer ceux que j'estime
Et vénérer celui qui ne m'aime pas.
*
Me voilà seule sur la scène, maintenant
À réciter un texte assise sur une table bancale
Je me souviens d'avoir fait l'amour de tout mon coeur
Pas la nuit dernière mais l'autre d'avant.
*
Six cent yeux rivés sur moi
Vague impression de déjà vu
Contours vastes et flous
Autrefois, autrefois, autrefois.
*
Il portait ma chaîne à son cou
Si ma mémoire est exacte
Si je me souviens bien de moi
Je respirais l'automne
Au beau milieu d'une terre où je ne remettrai plus les pieds *

16 septembre 2008

c'est peut-être mon ego

J'vas écrire quelque chose de pas beau. Pas beau dans le sens que je vais pas choisir mes mots pour qu'ils sonnent ben dans ma perception à moi, je vais pas enrichir mon texte de mots plus justes que ce qu'on ajoute aux verbes être, avoir et faire. Je veux pas me faire chier avec ce que j'écris et ce que les autres vont en penser. L'écriture pour moi, c'est viscéral même s'il m'arrive de me remettre en question, même si je me censure souvent quand je publie mes textes ici ou ailleurs. J'ai ouvert C'est peut-être mon journal parce que je voulais être anonyme pour vrai, probablement parce que je suis couillonne et que je manque de confiance en moi, j'ai un autre blog que vous lisez peut-être quelques fois, pas super populaire mais lu et connu, je le sais à cause des statistiques. Mon autre pseudonyme, j'ai des amis qui le connaissent, j'ai révélé mon identité à qui voulait bien l'entendre et après j'ai eu peur de dire des choses qui les concerneraient et qui me placerait dans des positions compromettantes. Aussi bien le dire tout de suite, je déteste les positions compromettantes et j'ai comme une habileté à me crisser les pieds dans les plats sans le vouloir. Faque je me suis dit qu'ici je pourrais poster tout ce que j'écris et qui reste dans mon fichier Foie d'agneau par moi-même.doc, mais c'était faux. Je ne prétend pas être une écrivain, par contre j'ai toujours rêvé d'en devenir une. Ça m'arrive de croire que j'ai un certain talent pour l'écriture, plus particulièrement sous forme de courtes nouvelles puisque j'ai pas tant de suite dans les idées et que je me lasse rapidement des choses, je trouve mes textes longs ennuyant. Ceci dit, j'ai une peur bleue que mes lecteurs découvrent que je suis une imposteur sans formation et encore pire: sans réel talent. Je me dis que je ne pourrai jamais m'accomplir avec cette chienne qui me tenaille, que je dois prendre de l'assurance et cliquer sur publier le message en me sacrant de ce que allez penser. Je ne comprend pas pourquoi, même avec un pseudo en béton et un lectorat de 2 personnes, j'ai encore la frousse de foutre mes affaires icit. Je suis bien forcée de l'admettre, j'ai pas l'ombre d'une couille et je vous jure que quand on me regarde en face, on croirait jamais ça. J'en suis moi-même surprise, moi qui sauterait à la gorge de n'importe quel abruti qui aurait l'intention de se mettre dans mon chemin. Je présume que j'écris avec mes tripes, je suppose que je livre le fin fond de mes entrailles et que le fin fond est toujours embarrassant.
Voilà. Maintenant que j'ai dit ce que je n'avais jamais encore dit, j'ose espérer que je trouverai le courage de faire abstraction de ma crainte d'être jugée et que je vous livrerai mon fin fond sans me ronger les sangs.
À bientôt,
Irène Albert

8 septembre 2008

végétale

Ici, pas d'ouragan qui ballait les fonds et les combles du pays. Pas de flotte partout, pas d'anguille dans le sous-sol. Pas de désastre, pas d'enfants morts noyés dans les carrés de sable.
Quand la nuit tombe et que le bonhomme sept heure, personnage fictif et maléfique, se met à parcourir ma tête, je me jette sous le lit et colmate l'ouverture d'un édredon.
J'implore à demie voix les dieux auxquels je ne crois même pas.
Le vent martèle les fenêtres closes de grands coups comme des poings qui m'en voudraient à mort. Je suis tétanisée, impuissante et ridicule.
Il serait temps de me rendre jusqu'à l'armoire de la pharmacie mais les ombres m'en empêchent et mes petites dents pourrissent dans ma bouche gangrenée. Mes gencives saignent abondamment, mon propre souffle m'asphyxie.
S'agit-il de mon imagination, serais-je fertile?
Je ne sais point, je ne suis qu'une forme translucide au travers duquel on peut y insérer les doigts.
Je suis de glu, je suis sans chair, je me tais, zombie.

3 septembre 2008

cadeau a des ailes

Le petit chien est mort dans mes bras.
ne meurs pas, ne meurs pas
Je pouvais pas m'arrêter de penser que c'était impossible qu'il meurt là alors que je le tenais contre moi en lui parlant doucement. Pourtant, maman et la vétérinaire m'ont répété: il est parti, Irène, il est parti au paradis des petits chiens.
reviens, reviens
Il a fallu que maman aille payer la mort de Cadeau. J'ai hurlé que c'était hors de question que je quitte mon petit chien alors ils m'ont laissé encore cinq minutes pour lui dire au revoir. Je l'ai serré tellement fort que s'il avait été vivant, il aurait crié et aurait mis ses oreilles par en arrière pour essayer de faire pitié.
pleure, Cadeau
souffre
au moins quand t'avais mal, t'étais vivant
Maman est revenue. On aurait dit qu'elle avait pleuré elle aussi à cause de son maquillage qui avait coulé. J'ai demandé où est-ce que mon petit chien allait aller et la vétérinaire m'a dit doucement qu'elle allait le mettre dans un petit sac et qu'il serait ultérieurement brûlé. J'ai pensé qu'ultérieurement était un mot inapproprié à la situation et je me suis sentie mal à l'aise pour elle.
brûlez pas mon petit chien, brûlez pas mon petit Cadeau
Maman a prit mon bras et elle a dit qu'il fallait se reposer maintenant et laisser Cadeau monter au ciel. Elle a remercié la vétérinaire pour tout et puis on est partis me coucher.
merci?

3 août 2008

solanum tuberosum

Je t'en prie, n'oublie jamais les jours où nous récoltions la patate.
Les beaux jours où nous cultivions la vivace sous un ciel blanc et dans un sol pauvre en minéraux, loin de notre bidonville chéri. Isolés, adorant la tubercule du divin féculant, seuls dans un périmètre sécurisé par l'ocytocine que nous sécrétions.
*
J'avais de moins en moins le coeur à l'ouvrage, assommée par le soleil de midi, accroupie sur la terre humide. Je te tenais à l'oeil.
Je t'observais depuis un bon moment déjà et j'avais les jarrets crispés, comme tous les muscles de mon corps incluant mon coeur, en boule.
J'essayais très fort de ne pas te décevoir, je sais que tu voulais me voir acharnée sur la cueillette, je sais que je ne travaillais pas assez vite et que tu me voyais comme un boulet à ta cheville. Je le sais parce que tu ne m'attendais pas, parce que tu fumais des joints sans me les passer, parce que tu ne retenais pas tes soupirs lorsque je t'adressais la parole. Je le sais parce que je le sais, parce que tu me l'as dit avec tes yeux.
*
Je le sais et ça m'empêche d'avancer.

30 juillet 2008

le vent se vante

Puisqu'hier était un jour nouveau, j'ai pris le thé sur le toit.
J'ai demandé aux insectes qu'ils te portent un message mais ils ont refusé. J'ai conversé longuement avec une chatte de gouttière, rien que pour parler. J'ai regardé la ville, perchée là comme une girouette sur sa Tour des Vents.
Comme une sourde, j'ai hurlé à Éole qu'il me souffle Borée, Notos, Euros et Zéphir dans l'espoir de tomber. L'haleine d'Éole venant du nord, du sud, de l'est et de l'ouest, je me retrouvai aux quatre vents.
Je fermai les yeux pour mieux sentir la poussière me piquer les joues. J'eus une pensée pour mon ami tchadien qui redoute l'harmattan tous les hivers, s'évertuant à protéger les voies respiratoires de sa fille avec un linge humide.
Je jetai un dernier coup d'oeil vers le ciel.
Puis je suis descendue par l'échelle.

29 juillet 2008

être en beau fusil un matin bonbon

J'en ai après le temps. Il passe et me froisse d'être si lent. Lasse des nuits écourtées, des grâce matinées, lourde des années. J'en ai contre l'homme qui couche avec une autre la veille de son mariage. Comme une cérémonie perverse, comme une giclée de sperme sur la robe de sa femme juste avant qu'elle ne marche jusqu'à l'autel. J'en ai contre les gourdes qui ne cherchent qu'à se déverser sur des seins parfaits, sur des reins crampés. Contre les pouces qui n'en peuvent plus de ne pas être enfouis dans un sexe grand ouvert et serré quand même. J'en veux au bébé mort dans mon ventre, qui flotte dans son jus nauséabond depuis des lunes. J'en veux à ma mère de ne pas m'avoir fait belle, je lui en veut de m'avoir fait.

27 juillet 2008

débuter comme un truc cassé

C'est à force de se poser trop de questions qu'on devient de purs inconnus aux bouches béates.
Je suis étrangère, je ne voyage pas. Je suis sédentaire, la glace ne reflète plus mon visage. Je n'interviens que rarement dans les agitations d'esprits, je ne remue que du petit doigt.
Que dis-je, je frémis.
Grand-mère se donne de grands élans sur la balançoire alors que son mari pleure de se putréfier. Il se fait ronger les plaies par les fourmis rouge qui remuent sa chair vive et y pondent leurs oeufs. Il fût un temps où le soleil entrait dans la cuisine, il fût un temps où les rideaux étaient blancs.
Je fumais la pipe au parc, mercredi, lorsqu'une vieille femme s'est approchée pour m'offrir des tomates. J'aurais voulu qu'elle fume avec moi, j'aurais aimé qu'elle s'étende sur la courtepointe. Je voulais ses fruits. Je voulais qu'ils mûrissent et rougissent chez-moi.

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